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Le vécu du bilan de compétences
- juin 26, 2025
- Publié par : Dominique CLAVIER
- Catégorie : Newsletters
Trois années après le décret d’application de la loi sur le Bilan de Compétences, nous avons été inviter à communiquer au cours d’une rencontre spéciale au Sénat sur les effets et l’utilité de la prestation. Plutôt que de choisir de communiquer sur des chiffres, nous avons choisi de présenter nos observations sur le vécu, l’expérience de ce parcours unique, que l’on soit cadre ou sans qualification. Voici quelques éléments d’observation, qui, nous en sommes certains, serviront de repères et d’outil de compréhension des phénomènes constatés durant l’accompagnement.
La situation de réflexion sur son bilan avec un Conseiller est vécue « ici et maintenant » comme métaphore de la famille, de l’école ou de l’entreprise. Les circulations émotionnelles et fantasmatiques sont dues aux échanges verbaux mais sont aussi produites par les thèmes et les exercices proposés. C’est la prise de parole elle-même qui permet d’en saisir le sens. Si les clients se laissent aller à vivre une expérience intense, c’est parce qu’ils sentent que celle-ci est garantie par le cadre qui la fonde, par le conseiller « personne ressource » et par le lieu du bilan (centre public ou cabinet privé) en tant qu’institution symbolique.
Les observations sont toujours les mêmes. La démarche est accompagnée à la fois de peurs et d’espoirs. Ce qui sous-entend changement et remise en cause de ses choix de vie mobilise les angoisses. Les changements, même les plus souhaités ont leur mélancolie (Anatole France).
L’ensemble du processus se déroule sous la forme de stades de développement. Ces stades, rappelés brièvement ci-dessous, ne sont pas obligatoirement atteints par tous. Ils peuvent aider le conseiller dans ses interventions de métacommunication. Voici quelques extraits.
1er stade : l’incertitude ou stade de la dépendance
Lorsque le client arrive sur le lieu du bilan il est dans une situation d’incertitude et prend le risque de la dépendance. Aucun, du client comme du conseiller, ne sait sur quoi cela va déboucher. Cette vulnérabilité pousse non seulement à la recherche d’une complétude, mais également du désir que pourrait avoir le conseiller envers lui.
2ème stade La contre-dépendance ou stade du conflit
De cette dépendance à laquelle le conseiller ne répond pas naîtra les représailles. C’est la confrontation avec les règles énoncées et parfois le « jusqu’où puis-je aller trop loin » ou bien « jusqu’où puis-je ne pas aller assez loin ». Il reste que l’on prend plaisir dans la relation proposée …
3ème stade : le déni de la réalité ou stade de la revendication
Pour chaque thème, les échanges avec son Conseiller apportent des éléments de réponse au manque. C’est l’expérience de la complétude et du fantasme de la toute-puissance. Arrive le moment où la notion du temps, la peur de l’abandon et de la perte de la relation sont déjà présents. Face au vide, l’angoisse de sa propre autonomie à venir et le manque ressenti poussent à produire. Le travail proposé devient un contenu qui se contient lui-même…
4ème stade : la maturité ou stade de l’interdépendance
De la synthèse de l’ensemble du travail fourni, de ce qui est montré et confronté sortent des projets élaborés. Un projet digne d’intérêts est aussi un projet qui compte une grande part de désir, même s’il est encore perfectible. La dynamique du deuil des situations du passé est peut-être en elle-même le moteur de l’émergence du projet. Il est aussi nécessaire, pour le conseiller, de prendre en compte tout ce qui sera perdu, lâché au bénéfice de la nouvelle situation.
Vous pouvez retrouver l’intégralité de l’article dans l’ouvrage DICOcarrière – Dominique Clavier et Annie di Domizio – Human Research, Juin 2022